20 May

Entretien avec MARION COTILLARD Un Prix d'interprétation ???

Publié par Bonnay Jean-Luc

ENTRETIEN AVEC MARION COTILLARD

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré les frères Dardenne ?
Nous nous étions croisés en Belgique, sur le tournage de « De rouille et d’os », de Jacques Audiard. Une brève rencontre, entre deux ascenseurs. J’étais très impressionnée car je les ai toujours beaucoup admirés... Quelques mois après la sortie de « De rouille et d’os », mon agent m’a appelée pour me dire que Luc et Jean- Pierre voulaient me proposer un film. Je n’en revenais pas. Pour moi, tourner avec eux revenait à accéder à l’inaccessible.

Les Frères Dardenne m’ont dit quelques mots sur les enjeux du film, mais j’ai vraiment découvert l’histoire de Sandra quand j’ai lu le scénario. J’ai vu quelle magnifique héroïne de la vie réelle elle était. Et quel formidable défi ce serait pour moi d’incarner cette femme qui rencontre chacun de ses collègues et tente de les faire revenir sur leur vote. Ce jeu sur les répétitions signifiait qu’il me faudrait travailler sur les nuances et les fluctuations.

Comment définiriez-vous Sandra ?

C’est une femme ordinaire, une ouvrière, qui connaît le prix des choses car elle n’a pas le choix. Elle comprend ceux qui ont préféré empocher la prime de mille euros plutôt que de voter pour son maintien dans l’entreprise. Nul ne sait ce qu’elle aurait fait à leur place et le film ne juge aucun personnage. C’est toute sa force.

Quelle a été votre première réaction quand ils vous ont proposé le rôle de Sandra ?
Lors de notre premier rendez-vous, je bouillonnais ! J’ai tout fait pour bien me tenir, mais il a néanmoins fallu que je verbalise. J’étais intérieurement bouleversée qu’ils me proposent une collaboration et j’avais besoin de le leur dire

Elle est aussi atteinte de dépression... ?Elle va jusqu’à dire dans une scène : « Je ne suis rien ». Ce sentiment d’inutilité l’habite en profondeur comme il habite beaucoup de gens qui ne savent comment composer avec leur travail, ou son absence. J’avais été très marquée, quelques mois avant le tournage, par des articles et reportages sur le suicide au travail, ceux qui préfèrent en finir plutôt que d’éprouver ce sentiment d’inutilité. Le film, pour moi, faisait écho à ces événements qui m’avaient interpellée.

Comment se déroule concrètement le travail avec les Dardenne ?
Nous avons répété pendant un mois. Une phase très importante. Il s’agissait de travailler sur les mises en place, sur l’énergie des personnages, sur le rythme des scènes. Un travail d’autant plus complexe et essentiel que les frères tournent en plans-séquences. Il m’a fallu aussi - ce que j’appréhendais le plus - perdre mon accent français sans pour autant adopter un accent belge forcé, ce qui aurait été trop dérangeant. Ces répétitions m’ont permis de me sentir à l’aise dans le bain belge.

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